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Election européenne

Election sud européenne

GAUCHE EUROPEENNE : MARGINALISATION EN VUE OU DEBUT DE LA MISE A JOUR ?

La séquence électorale de ce printemps 2023 qui a concerné trois pays de l’Europe méditerranéenne (dont deux membres de l’Union) vient donc de s’achever, tout du moins provisoirement, par la réélection de Recp Tayyip Erdogan et l’annonce d’élections générales anticipées par le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.

Les trois consultations menées durant ce mois de mai (élections législatives grecques, élection présidentielle et élections législatives en Turquie, municipales et régionales sur une grande partie du pays en Espagne).

Pour la première de ces consultations, à savoir les élections législatives grecques, le scrutin était marqué par une nouveauté significative, à savoir l’absence de prime majoritaire accordée au parti arrivé en tête, prime qui avait permis à la Nouvelle Démocratie (parti de centre droit rattaché au PPE européen), au PASOK (mouvement socialiste panhellénique en VO) puis à l’alliance de gauche Syriza de gouverner précédemment.

Cette situation n’avait qu’une conséquence a priori : celle de contraindre les Grecs, faute de majorité au sein de la Vouli, à connaître une nouvelle consultation électorale au mois de juillet, assortie d’une nouvelle forme de prime à la liste arrivée en tête du scrutin.

Ceci posé, on rappellera quand même que le Parlement grec (Vouli) compte 300 membres dont 285 élus au sein des circonscriptions découpées à raison des limites administratives du pays.

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RETRAITE

RETRAITE – INSERTION DES JEUNES

APPRENTISSAGE : LA MARTINGALE STATISTIQUE DE MACRON ?

Cela fait quelques temps que nous sommes face à une profonde interrogation.

En effet, alors que le Gouvernement comprend aujourd’hui un Ministère du Travail, du Plein Emploi et de l’Insertion, la réforme des retraites a été présentée comme permettant de répondre au déficit des comptes sociaux et de les prévenir à l’avenir.

Dans le même temps, les media audiovisuels, singulièrement ceux plus ou moins contrôlés par le pouvoir, nous annoncent chaque mois une baisse du nombre des chômeurs.

La France serait même sur la voie du plein emploi, et le taux de chômage n’aurait pas été aussi faible depuis plusieurs décennies.

Le paradoxe entre ces créations d’emplois et la perspective annoncée d’un plein emploi, qui amènerait le taux de chômage aux alentours de 5 % de la population active (sic), d’un côté et tensions sur les comptes sociaux appelle à la réflexion et à la recherche des facteurs générant cette situation.

La formation professionnelle qui, à l’évidence, constitue un des centres d’intérêt fondamentaux de la politique macronarde, semble pouvoir nous fournir quelques éléments d’appréciation de la réalité de la situation.

MANUEL DE SURVIE (2eme partie)

Comme on peut supposer que les éléments fournis dans la première partie nécessitent quelques explications, on rappellera ici quelques règles de base de notre système fiscal.

La TVA obéit à une législation largement simplifiée au fil de sa généralisation à l’ensemble des activités économiques, le cas des activités financières et assurantielles étant traité de manière spécifique cependant.

La taxe comporte aujourd’hui deux taux principaux, de manière conforme aux directives européennes en la matière qui recommandent aux pays membres de l’Union de mettre en place un taux réduit d’un minimum de 5 %, touchant de manière générale les produits alimentaires vendus sans transformation, et un taux normal compris dans un « tunnel » de 15 à 25 %, concernant fondamentalement les ventes de biens industrialisés, produits de la transformation de matières premières et la plus grande partie des services de caractère commercial.

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Polynésie éléctions

POLYNESIE : LA CHUTE FINALE DE GASTON FLOSSE, TOTEM DE LA VIE POLITIQUE LOCALE

Les élections territoriales tenues en ce mois d’avril 2023 en Polynésie ont été marquées par de profonds bouleversements de la vie géographie politique locale.

Pour la première fois, le principal parti indépendantiste du fenua, le Tavini Huiraatira, a obtenu la majorité absolue des sièges au parlement territorial, appelé Assemblée de Polynésie Française.

Quelques rappels sur la situation locale.

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école

Ecole

APRES LES RETRAITES, L’ECOLE CIBLE DE LA DROITE SENATORIALE !

Nous les avions laissés groupant leurs voix lors de la présentation des conclusions de la commission mixte paritaire sur la « réforme des retraites » pour faire passer le texte rédigé par leurs soins et complétant, si l’on peut dire, le texte initial du pouvoir macroniste.

Mais l’imagination des sénateurs et sénatrices semble inépuisable.

Comme leur fin sens politique leur a révélé qu’ils seraient amenés à jouer un certain rôle pendant les quatre années restant pour arriver au terme de la législature, ils ont donc décidé de pousser leur avantage.

Et voici donc que sort de la naphtaline une proposition de loi «  pour une école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité « 

Rien que ça ! Comment n’y avait on pensé plus tôt ?

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COMPTES PUBLICS

COMPTES PUBLICS

SITUATION DES COMPTES PUBLICS 2022

La notification du déficit public 2022 par les services de Bercy à l’attention de la Commission Européenne traduit une situation globalement un peu moins inquiétante que prévu.

Le solde global des comptes publics donne en effet, pour l’ensemble de l’année 2022, un déficit de 124,9 Mds, assez nettement inférieur aux 162 Mds notifiés pour 2021 et aux 208,2 Mds de 2020.

Un solde global dont l’évolution doit autant, sur la durée, à la progression des recettes qu’à la restructuration des dépenses, particulièrement marquées en 2020 et 2021 par l’ensemble des crédits mobilisés par la crise sanitaire.

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Sécurité sociale

Financement de la sécurité sociale

QUELQUES REPERES SUR LA PROCEDURE PARLEMENTAIRE

La discussion de la loi de financement de la Sécurité Sociale rectificative, qui comprenait entre autres mesures le dispositif de la réforme des retraites, a sans doute constitué, pour nombre de personnes, l’occasion de découvrir les arcanes de la procédure parlementaire.

La présente note vise donc à pointer les aspects saillants de cette procédure et de ce que cela peut avoir comme incidences sur le déroulement du débat.

Le choix d’une loi de financement de la Sécurité Sociale présentait du point de vue du Gouvernement, plusieurs avantages.

Elle permettait de pratiquer de manière plus large que dans une loi ordinaire le recours aux irrecevabilités financières à l’endroit des amendements déposés par l’opposition.

Le débat en loi de financement emportait une autre conséquence : celle de réduire d’office le nombre de « lectures «  du texte par chaque Assemblée (en l’espèce un seul examen).

Sans oublier le recours possible au 49 – 3 en principe limité d’application durant la session mais applicable au cas d’espèce.

Le texte constitutionnel indique en effet

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RETRAITE

RETRAITE – les régimes spéciaux

QUELQUES ELEMENTS SUR LES REGIMES SPECIAUX

Le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale rectificative qui comporte les paramètres financiers de la réforme des retraites (dont nous verrons peut être dans l’année le second volet) s’attaque à la situation de cinq régimes spéciaux.

On rappellera ici que les régimes spéciaux, selon les données 2021, concernent au total rien moins que près de 6,8 millions de cotisants mais surtout 8,6 millions de retraités (pratiquement un sur deux en France) et plus de 600 000 personnes en invalidité.

C’est à dire plus de 40 % des assurés sociaux, hors fonctionnaires d’État.

Cinq de ces régimes vont faire l’objet d’une mise en extinction progressive.

Elle vise le régime de retraite de la RATP (un peu plus de 42 000 cotisants, un peu plus de 50 000 retraités), celui des personnels du comité économique social et environnemental (effectifs réduits), celui des Industries Electriques et Gazières (plus de 135 000 cotisants pour 180 000 bénéficiaires de prestations), la Caisse de Retraite et de Prévoyance des Clercs et Employés de Notaires (un peu moins de 63 000 cotisants pour environ 80 000 bénéficiaires) et le régime de la Banque de France (moins de 8 000 cotisants et près de 18 000 retraités).

On notera ici, pour rire un brin, que si le rapport Rist de l’Assemblée Nationale parle de la « fermeture des principaux régimes spéciaux », on est bien loin du total rappelé ci dessus.

250 000 cotisants sur un ensemble de 6,8 million, on est loin du compte…

La méthode mise en œuvre est, à chaque fois, la même.

La loi va fermer l’accès aux différents régimes spéciaux à compter du 1er septembre prochain.

Cette situation ne fait aucun cas de l’Histoire, comme des conditions de développement de régimes qui, pour une bonne part, ont été créés avant le régime général comme, d’ailleurs, d’autres régimes aujourd’hui disparus ou presque (on pense à celui des Mineurs).

Ces régimes ont, pour certains, des recettes qui leur sont spécifiques et une situation financière plutôt saine, bien éloignée, par exemple, de ce qu’était devenu le régime social des indépendants qui a explosé avec la sur pression des auto entrepreneurs il y a moins de quatre ans.

Ainsi, faisant partie intégrante du modus vivendi entre l’État et les entreprises publiques EDF et GDF, la contribution tarifaire d’acheminement permet l’équilibre de la Caisse des Industries Electriques et Gazières.

De même, une partie des ressources de la CRPCEN provient de l’activité des offices.

Plus les offices notariaux enregistrent d’actes, plus ces actes portent sur des biens dont la valeur est appréciée ou élevée et plus les recettes de la Caisse progressent.

En 2020, avec le Covid, la CRPCEN s’est retrouvée en difficulté financière.

Par contre, en 2021, elle a présenté un excédent de 308 millions d’euros (soit près de 4 000 euros par bénéficiaire de prestation ou 5 000 par cotisant) dont on peut se demander s’il n’intéresse pas l’État.

Dans le cas de la Banque de France, où l’équilibre est assuré naturellement par les versements de l’employeur, puisant dans la Caisse de réserve, le fait que celle ci est emplie de 15 Mds d’euros accumulés depuis une quinzaine d’années ne semble pas étranger à la manœuvre.

Tout ceci emporte plusieurs conséquences.

Un, le choix opéré va dégrader la situation financière de chaque régime puisque le déséquilibre entre cotisants et retraités est appelé à croître et embellir.

Et il faudra plusieurs dizaines d’années pour que disparaisse le dernier retraité de chaque régime ainsi disparu.

Pendant une bonne quinzaine d’années, le déficit de chacun des régimes va s’accroître peu à peu, un peu comme le garrot serrait petit à petit le cou des condamnés à mort dans l’Espagne médiévale.

Deux, si la perception de nouvelles cotisations (celle des nouveaux embauchés) va renforcer le régime général, elle ne va pas empêcher une nouvelle dégradation globale du solde des régimes obligatoires, les cotisations des régimes spéciaux étant, de manière générale, supérieures à celles appelées pour le régime général.

Car ( et ce d’aucuns seront surpris de l’apprendre mais…) les garanties spécifiques accordées aux gaziers, électriciens ou ératépistes, figurez vous qu’elles sont financées par cotisations !

Des cotisations qui sont plus élevées tant sur la part dite « ouvrière » que sur la part dite « patronale ».

Ainsi, le taux de cotisation retraite est de 6,9 % pour la part ouvrière et 8,55 % pour la part dite patronale, soit au total 15,45 %.

Pour la RATP, les taux sont, cette année, de 12,95 % côté salariés et 19,13 % pour la part patronale.

Soit un total de 32,08 %, deux fois plus élevé que le taux du régime général.

Nous aurons donc une croissance des recettes du régime général inférieure à ce qu’elle aurait pu être avec le maintien des régimes spéciaux concernés, conduisant du coup à une attrition des recettes de l’ensemble des régimes obligatoires de base de Sécurité Sociale (ou ROBSS).

Mais cette situation qui viendra justifier à l’envi de nouveaux sacrifices ultérieurs se situe surtout dans un contexte nouveau.

Outre l’excellent climat social qui devrait découler de la cohabitation, au sein de la même entreprise, de salariés effectuant les même tâches avec un statut et des garanties sociales différents, le choix opéré par le Gouvernement, pour la CNIEG ou la caisse de retraite de la RATP, participe d’une vision politique de longue haleine.

D’une part, elle conduira à solliciter de nouvelles dépenses budgétaires destinées à couvrir les déficits des régimes qui ne manqueront pas d’émerger.

La RATP qui fait déjà l’objet du versement d’une subvention d’équilibre de 800 millions d’euros devrait, à moyen terme, nécessiter le versement d’une subvention de 1 200 millions d’euros.

Mais surtout l’entreprise publique a été placée sur l’orbite de l’ouverture à la concurrence des transports urbains comme le rappelait à juste titre le rapport budgétaire sénatorial sur la mission Régimes sociaux et de retraite en indiquant le calendrier de cette ouverture.

La loi n° 2009-1503 du 8 décembre 2009 relative à l’organisation et à la régulation des transports ferroviaires et portant diverses dispositions relatives aux transports a prévu la mise en concurrence de l’exploitation des réseaux de la RATP à compter du :

– 1er janvier 2021 pour les lignes de moyenne et grande couronnes (réseau de bus OPTILE) ;

– 1er janvier 2025 pour les services réguliers de transport routier (réseau historique RATP) ;

– 1er janvier 2023 jusqu’au 31 décembre 2032 pour le réseau Transilien ;

– 1er janvier 2030 pour les services réguliers par tramway ;

– 1er janvier 2033 jusqu’au 31 décembre 2039 pour les RER C et D, et entre le 1er janvier 2025 et le 31 décembre 2039 pour le RER E ;

– 1er janvier 2040 pour les autres services réguliers de transport guidé (métro et RER A et B).

La rapporteure des crédits, l’élue de droite Sylvie Vermeillet, représentant le Jura, décrit ensuite « les solutions » acceptables.

S’agissant du mode Bus, la RATP devra donc assurer le service jusqu’au 31 décembre 2024, et transférer dans les entreprises ayant gagné les lots les effectifs nécessaires à la continuité du service.

Ainsi, tous les salariés concourant à l’activité Bus (directement ou indirectement soit environ 19 000 salariés) seront transférés dans les sociétés ayant remporté les appels d’offres. L’activité Bus de la RATP sera de son côté transférée au sein de sa filiale Cap Ile-de-France. Les salariés concernés par ces mouvements ne seront par conséquent plus sous contrat avec l’EPIC RATP, et ne bénéficieront plus du statut du personnel et de l’ensemble des dispositions de l’EPIC. Le « sac à dos social », mis en place par la loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d’orientation des mobilités (LOM), prévoit cependant que les agents RATP transférés au sein des entreprises concurrentes ou de la filiale Cap-Ile-de-France, ainsi que leurs nouveaux employeurs, restent contributeurs du régime de retraite de la RATP.

Les conséquences en termes de collecte n’ont pas encore été détaillées, la CRP RATP restant dans l’attente du contenu d’un décret d’application.

Le transfert des agents de la RATP affectés au mode bus met en effet en lumière la question de la pénibilité. L’existence de contraintes spécifiques d’exploitation a conduit à la mise en place d’un cadre social territorialisé (CST), commun à tous les conducteurs opérant sur les lignes RATP appelées à être ouvertes à la concurrence. Sans mésestimer la spécificité du transport parisien, il convient cependant de la remettre en perspective en rappelant les difficultés rencontrées par les chauffeurs de transports de personnes, en particulier scolaires, dans les territoires. La durée moyenne de versement des pensions directes servies aux conducteurs RATP est d’ailleurs relativement élevée : 26,1 années en 2020. Au regard des données disponibles en matière d’espérance de vie des retraités de la RATP et des conditions de travail des agents d’autres sociétés de transports collectifs, la question de la pénibilité ne peut constituer la raison d’un maintien du régime spécial de la RATP.

Sylvie Vermeillet a raison !

Le problème c’est la pénibilité des conditions de travail des chauffeurs de bus des autres opérateurs du secteur et non le « privilège » dont les chauffeurs RATP jouiraient en pouvant partir en retraite à 57,3 ans …

Une fermeture du régime conduirait à un double mouvement :

– d’une part, une attrition du nombre de cotisants avec pour corollaire une baisse des cotisations perçues par la CRP-RATP ;

– d’autre part, afin de compenser cette perte de recettes, une progression de la subvention d’équilibre de l’État.

(merci de confirmer l’analyse que nous avons produite ici)

Ce scénario, coûteux à court terme pour les finances publiques, pourrait cependant être contourné par la mise en place d’une compensation financière versée par le régime général et l’Agirc-Arrco, à l’instar de celle mise en place pour le régime spécial de la SNCF (cf supra). Les régimes de droit commun percevraient, en effet, à compter de la date de fermeture, les cotisations des salariés de la RATP qui leur seraient désormais affiliés, mais sans avoir encore de droits à pension à honorer, alors même que la CRP-RATP devrait pour sa part continuer d’assurer le versement des pensions aux retraités du régime, actuels ou à venir, mais en ne percevant plus qu’un flux de cotisation en attrition. L’impact financier d’une fermeture du régime de la RATP pour l’État serait alors nul ou quasi nul.

(fin de citation)

C’est vrai qu’il suffisait d’y penser.

Solliciter le régime général et les réserves de l’AGIRC ARRCO pour faire reculer les garanties collectives des salariés et privatiser le service public des transports parisiens avec le risque de se retrouver avec le syndrome londonien d’explosion des tarifs, c’est tout de même génial !

Pour le secteur de l’énergie, je n’ose rappeler ici que ce qui a construit en partie le déficit 2022 d’Electricité de France provient de la sous – traitance d’une partie des activités de l’opérateur historique, notamment en matière de maintenance des installations et que l’abandon du statut risque donc de renforcer.

Ajoutons les obligations qui ont été imposées à l’entreprise publique de prendre à sa charge les conséquences du désordre du marché de l’électricité (dont le coût est estimé à 8 Mds d’euro sur les 17,9 Mds du résultat négatif 2022 d’EDF).

Pour Engie, devenu un élément du groupe Suez, l’affaire n’a pas été la même.

Pas d’obligation de contenir les prix.

Et une ouverture à la concurrence favorisée autant que possible.

Pour quels motifs ?

Peut être d’obscures raisons de rentabilité financière, alors.

Engie a enregistré une hausse de 62 % de son chiffre d’affaires en 2022, passant de 58 à 94 Mds d’euros…

Le conseil d’administration du Groupe a proposé un dividende de 1,40 euro par action, soit la modeste somme de 3,4 Mds d’euros au total…

Un peu comme si la hausse des prix du gaz que vous avez pu constater sur votre facture était consacrée, pour environ 4 %, à rémunérer les actionnaires d’Engie.

L’État français va ainsi percevoir environ 800 millions d’euros, tandis que les fonds d’investissement Capital Group et BlackRock mettront la main sur 165 et 150 millions d’euros.

Ah oui, le montant des cotisations encaissées par la Caisse de retraite des gaziers et électriciens est de … 3,4 Mds d’euros.

Et une dernière question pour la route, que nous allons traiter bientôt

Pourquoi la fièvre uniformisatrice des régimes de retraite n’affecte aucunement, dans le texte gouvernemental, le régime des exploitants agricoles (1 250 000 retraités), celui des salariés agricoles (2 335 000 retraités) ou la caisse des professions libérales (435 000 retraités) ?

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RETRAITE

RETRAITE, il est temps de remplir la caisse.

Ce qu’a d’ores et déjà montré le mouvement en cours sur les retraites, c’est qu’il est essentiel, pour une Sécurité Sociale fondée sur la solidarité interprofessionnelle et intergénérationnelle, de disposer de ressources stables et, autant que possible, abondantes.

Dans le cas de l’assurance vieillesse, financée de manière principale par des cotisations sociales, la questions pourrait être résolue en grande partie pour peu qu’on décide d’agir avec vigueur pour promouvoir la création d’emplois.

Petite (façon de parler) opération arithmétique.

Soit un SMIC de 1 709,28 euros brut par mois.

Générant 264,08 euros de cotisation sociale retraite (6,9 % pour la part dite ouvrière et 8,55 % pour la part dite patronale).

Rappelons ici que cette part patronale est une vue de l’esprit, puisque cette cotisation est totalement prise en charge par l’Etat aujourd’hui.

Pôle Emploi, de son côté, a enrôlé rien moins que 3 049 800 privés d’emploi en fin d’année 2022.

Si, par je ne sais quel miracle, ces privés d’emploi étaient tous embauchés, nous disposerions, chaque mois, de plus de 800 millions d’euros de recettes supplémentaires pour l’assurance vieillesse et d’un total supérieur à 9,6 Mds d’euros pour l’ensemble de l’année.

La même démonstration vaut pour le travail à temps partiel imposé, dont on peut estimer les pertes entre 1 et 2 millions d’emplois en équivalent temps plein, ce qui pourrait conduire à une déperdition de ressources comprise entre 3,2 et 6,4 Mds d’euros.

Enfin, pour appréhender les conséquences de la discrimination salariale dont les femmes demeurent les victimes en France, on soulignera que chaque salaire féminin moyen génère, chaque année, du fait des décisions des employeurs, 700 à 750 euros de pertes de financement pour l’assurance vieillesse.

Le combat pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes est l’un de ceux qui comptent le plus puisque ses prolongements sont multiples, d’autant qu’il rencontre naturellement celui pour l’emploi et celui pour l’extension des droits sociaux.

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RETRAITE

RETRAITE. Cotisations sociales

COTISATIONS SOCIALES, POUR LES SALARIES, LA DOUBLE PEINE

Le débat engagé dans l’ensemble du pays au sujet de la réforme des
retraites glisse peu à peu, et c’est tout à fait naturel, vers la question du
financement du régime et notamment les alternatives au choix opéré par le gouvernement de se contenter d’allonger la durée d’affiliation des salariés (et de raccourcir d’autant celle de perception de la pension, faisant un pari économique sur la létalité ?)

Le cadre du projet de loi est fixé.
On cotisera bientôt 43 ans au lieu de 42, et les retraites continueront
d’être indexées sur les prix et calculées, pour le régime général, sur les
vingt cinq meilleures années, ce qui conduira naturellement à la réduction du taux de remplacement des pensions et retraites au regard du dernier salaire perçu.

Cette règle, fixée par la réforme Balladur de 1993 (celle ci avait été
votée dans la masse des lois défendues pendant l’été par le Gouvernement de « l’ami de trente ans » de Chirac) est l’un des éléments clé de la situation d’aujourd’hui.

Selon le Conseil d’Orientation des Retraites, ce sont quatre points de
PIB (c’est à dire qu’aujourd’hui, plus ou moins 100 Mds d’euros qui ne sont pas consacrés aux retraites) que l’on ne retrouve pas dans les comptes sociaux…

100 Mds d’euros, cela représente près de 30 % de perte de pouvoir
d’achat pour les 18 millions de retraités de notre pays.

On pourra ajouter, au tableau de la réforme Borne Dussopt Véran, la
« modération salariale » difficile à maintenir dans le secteur privé de plus
en plus secoué par l’annonce de résultats financiers très favorables de nos grands groupes, mais néanmoins encouragée par une gestion des
rémunérations publiques qui a littéralement constitutionnalisé le gel du
point d’indice et pratique de plus en plus intensivement la précarité de
l’emploi, le recours aux contractuels et, de fait, l’absence de déroulement
de carrière.

L’un des problèmes de la Sécurité Sociale, ceci posé, est bien celui du
statut accordé aux cotisations sociales, prélevées dans l’entreprise sur la
richesse créée (biens produits ou services rendus) et basées sur les salaires.

Ce problème affecte sensiblement moins l’assurance vieillesse que les
autres, ainsi que nous avions pu le pointer lors de l’analyse de la fiscalité
(dont les cotisations sociales ne sont qu’une sorte de cousines) et
notamment de la contribution sociale généralisée.
Tout simplement, parce que la CSG finance l’assurance maladie, les
allocations familiales, quasi exclusivement la nouvelle branche autonomie mais aussi, depuis assez peu, la dette sociale (en sus de la CRDS) et, plus étonnant, l’UNEDIC, confronté à une dette conséquente, issue de lapériode Covid.

Mais on relèvera cependant que cette utilisation de la Contribution
Sociale Généralisée a remplacé la cotisation maladie résiduelle sur la part dite « salariale », une bonne partie des cotisations famille et la cotisation chômage sur la toujours dite « part salariale ».

Notre bulletin de paie laisse d’ailleurs apparaître le montant que nous
devons, en termes de salaire net, à la disparition de ces cotisations sociales maladie et chômage.

Ce tour de passe passe, qui assure la persistance du taux de la CSG
au niveau actuel (9,2%), nous a permis de bénéficier d’une réforme
imposée de l’assurance chômage, d’une réduction des allocations logement et du développement de la crise des urgences à l’hôpital et des déserts médicaux en médecine de ville…

Toujours est il que l’assurance vieillesse est le seul champ de la
Sécurité Sociale à ne pas être financé de manière importante par la CSG et d’être ainsi, de fait, le plus proche de la Sécurité Sociale d’origine, financée par la voie de cotisations.

Dire qu’il s’agit là d’une des raisons profondes de cette insistance du
Gouvernement à réformer notre régime de retraite me semble assez
évident.

Et que ce n’est sans doute pas pour rien que l’ensemble des
partenaires sociaux de la « partie patronale » (MEDEF, CPME, U2P) est
favorable au texte actuellement en discussion.

Parce que si les « charges sociales «  (traduction de cotisations) sont
lourdes à payer pour les entreprises, il n’en est pas de même lorsqu’elles
sont supprimées et remplacées par des compensations fiscales…
Les exonérations sociales sont, depuis une trentaine d’années, un des
éléments des politiques publiques.

Mais les dernières années ont connu une très sensible accélération du
processus, notamment avec la transformation du Crédit d’impôt
Compétitivité Emploi (CICE) en allégement pérenne de cotisations
sociales.

En 2016, on comptait rien moins que 37,3 Mds d’euros
d’exonérations sociales dans les comptes de l’Etat (compensées par
affectation de produits fiscaux tels une part de la TVA) dont 3,7 Mds
restaient en pertes de recettes sociales.

Le basculement du CICE en allégement de cotisations a porté en
2022 le total des exonérations à 78,8 Mds d’euros dont 2,6 Mds non
compensés.

Ce sont donc plus de 75 Mds d’euros qui sont ainsi mobilisés, au sein
des ressources fiscales, pour compenser le « cadeau «  ainsi fait aux
entreprises.

Comme nous l’avons indiqué, c’est la TVA qui est le principal produit
fiscal qui est sollicité, pour plus de 60 Mds d’euros au total.
La TVA prend notamment à sa charge l’allégement général sur les bas
salaires (34,9 Mds d’euros pour 2022) et la bascule CICE/allègement
pérenne (22,9 Mds d’euros, finançant en totalité l’assurance maladie).

On notera aussi que le régime social des indépendants, que Macron a
finalement décidé « d’aligner «  et « d’adosser » au régime général, après sa véritable explosion liée au développement des auto entrepreneurs, a généré 1,8 Md d’euros d’allégements de cotisations.
Que provoque ce processus ?

Pour les salariés, c’est la double peine.
Les cotisations sociales constituent en effet, qu’on le veuille ou non,
un élément de rémunération du travail.
Quand elles sont « exonérées », c’est donc une partie du salaire qui
n’est pas payée.
Et la compensation, que ce soit par la TVA, les droits sur l’alcool ou
ceux sur le tabac, étant fondée d’abord et avant tout par affectation d’un
impôt de consommation, est de fait payée par les mêmes…

On n’a pas vraiment mesuré, jusqu’ici, les conséquences de ces
politiques d’allégement du « coût du travail », au delà de la considération
générique qui voudrait que la part des salaires dans la richesse créée par le travail ait baissé.
Car ce qui pèse, à mon avis, dans cette affaire, c’est que les
allégements de cotisations participent à l’attrition et la diminution
« systémique » des ressources de la Sécurité Sociale, et singulièrement de l’assurance vieillesse par contagion de la pratique des bas salaires, sans reconnaissance réelle des niveaux de qualification entre autres méfaits.

Les métiers dits en tension sont, de ce point de vue, le témoignage de
la rupture entre une logique d’allégements dépassés et une aspiration
nouvelle, de plus en plus développée, pour une activité professionnelle
digne, respectueuse du salarié et logiquement mieux rémunérée.

Toujours est il que trouver sans trop d’efforts des ressources
nouvelles pour la Sécurité Sociale passe clairement par la mise en cause de ces politiques d’exonérations sociales coûteuses et socialement nuisibles.

De plus, l’affectation de taxes comme la TVA au financement de la
Sécurité Sociale constitue un obstacle majeur à toute réduction éventuelle de son taux normal…

Ou au maintien de certains taux réduits…
C’est à dire d’une atteinte au pouvoir d’achat.
Vous avez envie, vous aussi, d’une TVA à 25 % et d’une CSG se
rapprochant de 15 %