Interruption volontaire de grossesse.

I.V.G : LA FRANCE RETROUVE SON ROLE DE PHARE DES LIBERTES

Nous avions, faut il le dire, quelques inquiétudes ces dernières années.

Dans un pays où les aspirations populaires, les valeurs de justice et d’égalité, l’extrême sensibilité aux malheurs du monde et aux injustices, la faculté d’y répondre collectivement comme individuellement paraissaient de plus en plus perdues dans les sables mouvants de votes et de comportements politiques toujours plus réactionnaires et exclusifs, nous nous trouvons, avec le projet de loi constitutionnalisant la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse, en face d’une France républicaine, conforme à l’image qu’elle a pu incarner dans le monde depuis la grande Révolution engagée en 1789.

Cette France « phare des libertés », grande lueur née à l’Ouest de l’Europe qui abolit monarchie, féodalité et privilèges, établit le suffrage universel et supprima l’esclavage et la traite négrière, valida le mariage civil et autorisa le divorce, entre autres mesures.

Cette France dont l’hymne devint celui des combattants de la Liberté tout au long du XIXe siècle, que ce soit en Amérique Latine comme en Europe, des Libertadores vénézuéliens aux afrancesados espagnols en passant par les patriotes italiens, grecs ou encore polonais ou hongrois.

N’oublions pas les vers un peu oubliés dans les interprétations martiales issues de l’orchestration de Berlioz qui y figurent.

Nous avons de la tyrannie
Repoussé les derniers efforts ;
De nos climats, elle est bannie ;

Chez les Français les rois sont morts. (bis)
Vive à jamais la République !
Anathème à la royauté !

Que ce refrain, partout porté,
Brave des rois la politique.

(Refrain)

La France que l’Europe admire
A reconquis la Liberté
Et chaque citoyen respire

Sous les lois de l’Égalité ; (bis)
Un jour son image chérie
S’étendra sur tout l’univers.
Peuples, vous briserez vos fers
Et vous aurez une Patrie !

Il convient ici de rappeler que cette mesure participe du long mouvement historique des conditions de l’émancipation des femmes (et, par conséquent, des hommes) dans la société.

Ce long mouvement qui nous aura conduit du principe d’égalité salariale à l’égalité politique, en passant par l’égalité juridique, légale et financière, pour gagner finalement la sphère privée et le droit imprescriptible de disposer de soi même, de son corps comme de ses choix fondamentaux et éthiques.

A ce point de vue, nous pouvons fort bien nous demander si ce qui a été voté et finalement constitutionnalisé répond tout à fait aux attentes de certains et certaines.

Le fait est que la controverse est née sur le contenu final du texte ajouté au domaine de la loi par le projet de loi (A cette fin, est joint ici l’avis du Conseil d’État sous le lien https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1983_avis-conseil-etat.pdf).

La question de la fameuse « clause de conscience «  des médecins refusant de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse reste posée, obstacle présumé éthique à la garantie du droit à l’avortement.

Peut être pourrait on renvoyer de tels praticiens de santé à leurs obligations déontologiques et notamment au serment d’Hippocrate que certains paraissent avoir oublié une fois installé dans leur cabinet des beaux quartiers…

On peut d’ailleurs se demander si la constitutionnalisation de la l’interruption volontaire de grossesse ne va pas finir par constituer une base juridique destinée à poursuivre les praticiens indélicats…

Mais le fait est et demeure que, cinquante ans après la loi Veil, la France a franchi une étape de plus.

Comme le dit le poète

Nous avons préservé du vent et de l’oubli
L’intégrité de quelques lieux, de quelques projets
Dans lesquels nous nous voyions tous ensemble grandir et combattre.
Et maintenant, quel sombre refus, quelle paresse,
Mettant à mal l’impulsion d’une colère renouvelée,

Qui nous faisait presque délaisser la lutte ?
Du fond des âges, appelle, jaillissante,
La lumière d’un temps exigeant et luxuriant.
Nous transformerons les silences en or

Et les mots en feu.
La peau de ce retour
Accumule la pluie et les efforts
Effacent les privilèges.

Lentement,
Nous émergeons du grand puits, par-dessus les lierres,
Et non pas à l’abri d’aucun désastre.

Nous transformerons la veille douleur en amour
Et nous la léguerons, solennels, à l’histoire.

(Ara mateix, A l’instant même. Texte de Miquel Marti i Pol, musique de Lluis Llach)