RECHTS DUWTJE SPLIJT CENTRUM
Les élections néerlandaises, qui viennent de se tenir cette semaine, ont fourni une nouvelle démonstration de la grande difficulté dans laquelle se trouvent un grand nombre des équipes gouvernementales actuellement au pouvoir en Europe.
Cela faisait en effet un certain temps (et même un temps certain) que les Pays Bas, contributeurs nets au budget de l’Union européenne et, à ce titre, fort sourcilleux quant au respect de l’orthodoxie budgétaire induite par le traité de Rome consolidé, avaient opté pour un Gouvernement d’obédience centriste – libérale associant le parti libéral (VVD), Démocratie 66 (parti centriste proche de Renaissance), les démocrates chrétiens du CDA (parti plutôt catholique, souvent à la tête des affaires du pays dans le passé) et d’un autre parti démocrate chrétien (Christen Unie) plutôt libéral en matière économique et social mais conservateur sur les questions éthiques.
Le Gouvernement en place, dit « Rutte IV », était dirigé par le libéral Mark Rutte, Premier Ministre en fonctions depuis les générales de 2010, et disposait de 78 sièges sur 150 au sein de la Tweede Kammeer.
Le résultat du scrutin a fait l’effet d’une bombe.
La majorité sortante s’est en effet littéralement effondrée en perdant un total de 37 sièges (le quart de la Chambre!) et passant, selon les chiffres fournis par la télévision nationale (la NOS), de 5 153 068 voix à 2 761 234 suffrages, soit près d’un vote sur deux.
L’élément principal de ce bouleversement du paysage politique néerlandais est la poussée de la droite, dans la diversité (si l’on peut dire) de ses acceptions.
Tout d’abord avec les 2 535 492 votes du Parti de la Liberté, parti de Geert Wilders, opposé à l’immigration et à la construction européenne, qui finit en tête et récupère 37 députés.
Puis avec les 1 325 250 suffrages du Nouveau Contrat Social, scission conservatrice de l’Appel Démocrate Chrétien (CDA), ce qui lui vaut 20 sièges.
Ensuite, les 480 869 votes du parti des paysans et citoyens (BBB), scission « agrarienne » du CDA, finalement pourvu de 7 élus.
Et nous pouvons aussi ajouter les 216 812 voix du parti calviniste SGP, de tradition conservatrice établie (3 sièges)
Dans ce contexte, la gauche a connu à la fois une évolution de ses rapports de forces internes et a résisté à la poussée de droite.
Elle obtient 2 392 439 voix (PvdA/GL, SP, PvdD et Denk) et 36 sièges (+ 1).
Les résultats par ville laissent apparaître que la poussée de la droite a été moins vive dans certaines villes de tradition progressiste et/ou universitaire.
Le PvdA (travaillistes) est ainsi en tête à Nimègue (34,9%), Amsterdam (33,6%), Delft (25,9%), Utrecht (34,9%).
Le PVV (Parti de la Liberté) arrive en tête à Rotterdam (22%) ou à La Haye (21,8%), dans les deux cas avec une majorité plus courte que son score moyen national.
Ceci posé, si avec seulement 41 sièges, la majorité sortante est loin de pouvoir revendiquer de diriger le Gouvernement, l’instabilité politique est inscrite dans l’immédiat avenir institutionnel du pays.
A quelques mois des européennes, c’est là une situation inédite.