
L’offensive états-uniennes sur les droits de douane, point central de la politique de Donald Trump depuis son installation à la Maison Blanche appelle évidemment quelques menues observations.
Cela atteste, tout d’abord, qu’au delà de la vulgarité de l’occupant du palais de Pennsylvania Avenue, le slogan » Make America Great Again » signifie d’abord entrer en confrontation avec les autres puissances économiques de la planète, ce que la conclusion de la semaine de surenchère protectionniste a montré, puisqu’au delà du moratoire ouvert pour devenir le champ de négociation évidemment bilatérales, c’est bien dans la compétition avec le principal pays émergent dans le monde, c’est à dire la Chine, que le POTUS visait dans sa démarche.
Aucun pays, aucun territoire n’a échappé à la fièvre douanière de l’agent orange, élu par 80 millions d’Américans (sur 330 millions), provoquant une chute sensible des indices boursiers, ce qui a fait envoler en fumée plusieurs centaines de milliards de dollars ou d’euros, y compris sur la place de Paris où l’on peut estimer à 200 Mds d’euros la perte de capitalisation des valeurs du CAC 40.
Une telle démarche est parfaitement obsolète par essence, la mondialisation économique ayant profondément transformé les chaînes de valeur et souvent conduit à la délocalisation de circuits entiers de production ou, à tout le moins, de fabrication d’éléments nécessaires à l’assemblage de produits, singulièrement en matière industrielle, finis.
Trump a ainsi mis en cause les termes de l’ALENA, accord de libre échange entre Canada, USA et Mexique, ce dernier pays proposant dans sa partie la plus septentrionale (dans l’Etat de Nuevo Leon entre autres) un nombre conséquent de « maquiladoras », entreprises destinées à l’usinage de pièces indispensables aux entreprises états-uniennes.
Les risques encourus par les groupes européens sont réels pour peu que la production quitte le territoire de l’Union Européenne pour être vendue aux USA.
Au cas où les sites de production ont déjà été délocalisés aux USA, pas de souci majeur.
Certains se sont d’ailleurs empressés de se jeter dans les bras de Trump pour annoncer des investissements aux USA, comme le groupe LVMH ou la CGA CGM, qui a échappé jadis au dépôt de bilan grâce à l’argent public…
Mais certaines mauvaises lanques ont prétendu que la baisse des indices boursiers provoqiée par la tension sur les droits de douane confinait au délit d’initiés, le Président ayant avisé de ses décisions une poignée de milliardaires courtisans susceptibles de réaliser des rapides porteuses d’aussi rapides plus values de cession .
Mais Ie problème principal posé par la logique trumpiste est cependant le fait que les droits de douane risquaient de provoquer, aux Etats Unis, une poussée inflationniste complémentaire de celle déjà observée dans un pays dépendant de l’étranger pour une grande part de ses approvisionnements et dont les déficits et la dette publics sont tels que la dépréciation de la devise nationale ne permet plus de contrôler
Autre difficulté, celle provenant de la baisse des indices de Wall Street conduisant, mécaniquement, à la dépréciation de la valeur des plans d’épargne retraite des salariés américains.
Et là, il est évident que cette situation a contraint le POTUS à mettre le frein sur la course aux droits de douane.
Une petite période de surchauffe où l’on a pu considérer avec circonspection tous ceux qui pensent que les retraites doivent être financées par capitalisation…