Ecole

Derrière ce titre avantageux, voilà que ressortent du placard de vieilles lunes comme l’autonomie financière et pédagogique des établissements, assortie d’un culte du résultat qui se suffit à lui même pour arrêter l’expérience, l’affirmation de l’autorité supérieure du chef d’établissement devenu manager, la liquidation de l’école maternelle transformée de manière expérimentale en « jardin d’enfants » (en allemand Kindergarten, puisqu’il s’agit de l’inspiration évidente du projet) et de l’égalité fondée sur l’adoption de l’uniforme scolaire.

Comme si le fait d’enfiler une blouse allait suffire pour régler les inégalités sociales qui font obstacle à la réussite de tous les élèves.

Evidemment, la proposition de loi parle de ce qui mine l’école aujourd’hui.

Chacun l’aura deviné : le danger insidieux qui menace l’école de la République, c’est le péril islamiste !

En vertu de quoi, à la formation pédagogique générale accordée aux nouvelles « Ecoles Normales », rebaptisées écoles supérieures du professorat des écoles, on ajoute un verbiage dont on appréciera l’ordre de priorités.

Il nous est d’abord dit, dans le même article, dans une sorte de gloubi boulga qui montre que le mieux est parfois l’ennemi du bien (je cite)

Elles organisent des formations de sensibilisation à l’enseignement des faits religieux, à la prévention de la radicalisation, à l’égalité entre les femmes et les hommes, à la lutte contre les discriminations, à la manipulation de l’information, à la lutte contre la diffusion de contenus haineux, au respect et à la protection de l’environnement ainsi qu’à la transition écologique, à la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers, dont les élèves en situation de handicap ou atteints de pathologies chroniques et les élèves à haut potentiel, ainsi que des formations à la prévention et à la résolution non violente des conflits.

(fin de citation)

Mais comme il ne faut rien oublier, et que nous nous rapprochons entre autres des Jeux Olympiques, on ajoute (je cite)

Elles préparent les professeurs des écoles stagiaires aux enjeux de l’entrée dans les apprentissages et à la prise en compte de la difficulté scolaire dans le contenu des enseignements et la démarche d’apprentissage. Elles forment les professeurs des écoles stagiaires à la promotion des activités physiques et sportives comme facteurs de santé publique. (fin de citation)

Mais il en reste encore et le feu d’artifice continue (je cite encore)

Elles préparent aux enjeux d’évaluation des connaissances et des compétences des élèves et forment les professeurs des écoles stagiaires au principe de laïcité et aux modalités de son application dans les écoles ainsi que pendant toute activité liée à l’enseignement. Elles préparent les professeurs des écoles stagiaires aux enjeux du plurilinguisme et à la scolarisation des enfants allophones

Dans le cadre de la formation continue, elles organisent des formations sur le principe de laïcité et ses modalités d’application dans les écoles ainsi que pendant toute activité liée à l’enseignement. Elles organisent également des formations de sensibilisation à l’enseignement des faits religieux et à la prévention de la radicalisation ainsi qu’au dialogue avec les parents (fin de citation)

Je n’ai pas envie de noter le travail accompli par les co auteurs de la proposition de loi, mais force est de constater qu’à partir d’un constat globalement biaisé sur la situation de l’école dans notre pays, on parvient assez vite à un texte quasi imbuvable, à l’écriture bâclée et à la pensée à la fois circulaire et obsessionnelle…

Même le Gouvernement ne semble pas décidé à accepter le cadeau, passablement empoisonné, qui lui est si obligeamment présenté par Bruno Retailleau et ses complices, de retour d’une répétition de la ciné scénie du Puy du Fou, peut être…

Il a en effet déposé plusieurs amendements de suppression des dispositions les plus grossières du texte présenté, rejoignant pour le coup la position de l’opposition de gauche au Luxembourg.

Ainsi va la Fortune, éternelle et changeante !..