Au moment où commence la discussion sur la loi de finances pour 2025, et sont constatés un important déficit public et une dette publique particulièrement élevée pour une période de paix, il semble de bon ton de décrier la politique menée depuis sept ans par les Gouvernements choisis par Emmanuel Macron, dont la raison d’être était de mettre en œuvre la politique de l’offre définie par le programme présidentiel de 2017 et prolongée depuis 2022.
Pour la pure controverse politique, cela serait bien commode et rendrait acceptable une même politique de l’offre menée par une autre équipe gouvernementale.
Car, en fait, il faut se replacer au point de départ, et aborder la question du bon angle.
Le point de départ du projet macroniste était bien de favoriser les investisseurs, les entreprises et les entrepreneurs, les « preneurs de risques » (le plus souvent calculés) en escomptant que leur réussite finisse par se déverser sur l’ensemble de la société, au fil d’un bienfaisant « ruissellement » dont profiterait la grande masse des Français et des Françaises, par la grâce d’une génération massive d’emplois et d’entreprises.
Tout était en place, et pas seulement matière fiscale, puisque la transposition de la directive sur le droit des affaires ou la mise en place du droit à l’erreur et la généralisation du rescrit participaient de cet environnement favorable au »business ».
Quand vint la crise sanitaire, c’est avec une politique de prêts garantis ( pour rien moins que 140 Mds d’euros, tout de même) que l’Etat intervint, tout en s’endettant lui même pour distribuer environ 40 Mds d’euros pour relayer les entreprises dans la rémunération de leurs salariés mis en chômage partiel.
Les résultats ont dépassé toutes les espérances.
En cinq ans, le CAC 40 a progressé de plus de 30 %, plus que ne l’ont fait, sans le moindre doute, les salaires et le traitement des fonctionnaires.
Les vingt cinq plus importantes fortunes de notre pays cumulent ensemble un patrimoine professionnel de plus de 820 Mds d’euros ; très nettement orienté sur les métiers du Luxe (LVMH, Hermès, Chanel L’Oréal) à très haute valeur ajoutée.
Et si le produit de l’impôt sur les sociétés a quasi doublé, passant de 33 à 62 Mds d’euros de 2017 à 2023, encore faut- il savoir que l’Etat a consacré plus de 144 Mds à rembourser des impôts et taxes aux contribuables (et surtout aux entreprises) en 2023 au lieu de 113 Mds en 2017.
Le tout malgré la disparition de la taxe d’habitation et d’une bonne part de ce qui restait de la taxe professionnelle des entreprises.
La face cachée du macronisme est là : dans cette situation où l’initiative privée est valorisée (et encore pas n’importe laquelle) et où les vertus du service public se heurtent aux logiques libérales à l’oeuvre.
Le reste, c’est pour nous enchaîner aux règles de la finance.