LA DISSOLUTION, LA SOLUTION ?

En tête, la liste du RN avec 7 765 715 votes, au lieu de 5 286 939
suffrages il y a cinq ans, soit un gain de 2 478 776, soit une hausse de
quasiment 50 %…
Un score très proche de la performance de Marine Le Pen lors de la
présidentielle de 2022 où elle avait dépassé les 8 millions de suffrages.
Le RN a placé loin la liste Renaissance, dite de la majorité
présidentielle, pourvue de 3 614 619 voix, en chute au regard des 5 079
015 votes de 2019, soit une perte de 1 464 396 voix, soit près de 30 % de
l’effectif.

La liste du Parti socialiste est arrivée en troisième position, avec 3
423 736 voix, bien plus que les 1 403 170 votes réunis en 2019, soit un
doublement avec un plus de 2 020 566 voix, qu’il convient cependant de
minorer du fait que 741 772 suffrages étaient allés sur la liste de Benoît
Hamon .
On observera que la perte de voix de Renaissance et le report
présumé des votes Hamon peuvent, combinés, expliquer le score de la liste
de Raphael Glucksmann.
Vient ensuite la liste des Républicains, bien loin de l’époque où
Simone Veil arrivait en tête du scrutin.
François Xavier Bellamy a réuni 1 793 835 voix, en régression au
regard des 1 920 407 suffrages de 2019.
Plus nette encore la chute de l’influence d’Europe Ecologie, passée
de 3 055 023 voix à 1 362 027, soit la perte de plus de la moitié des
suffrages obtenus et bien loin des 2,8 millions de voix (et 14 députés) du
scrutin 2009.
A gauche, constatons la faible progression, en voix, de la liste du
PCF, passée de 564 949 voix à 583 905 suffrages.
Et la fortune bien différente de la France Insoumise, passée de 1 428
548 voix à 2 448 666 bulletins, soit plus d’un million de votes
complémentaires.
Compte tenu des résultats obtenus dans certaines villes et
communes , notamment en banlieue, il semble que l’effet Mélenchon des

présidentielles se soit à nouveau manifesté, même si cela s’est produit dans
de moindres proportions.
Ainsi, si 93 % des communes de France auraient placé le RN en tête
du scrutin, la minorité restante comprend, entre autres, Lyon, Lille,
Montpellier, Roubaix, Saint Denis, Nantes, Bordeaux ou Paris, Brest,
Rennes, Nancy, Strasbourg, Mulhouse, Grenoble, Toulouse ou Rouen.

De fait ; comme souvent quand on est confronté à un phénomène
politique de dimension nationale, les aspérités dues aux traditions
politiques différentes de certains lieux de vie ou certaines régions ont
tendance à s’effacer (sans jamais disparaître tout à fait) et surnagent dans
un univers globalement bouleversé…
Il convient d’ailleurs, avant de tirer des conclusions définitives sur
l’imprégnation du RN dans la société, de répérer les rapports de forces
réels.
On pourrait prendre le cas d’une région comme la Bretagne où la
liste Bardella est arrivée en tête ave 25,6 % des votes (e soit une
performance inférieure à son score national…)
Les quatre principales listes de gauche réunissent 35,4 % quand les
macronistes se situent à 17,4 % et les Républicains à 7,5 % dans ce qui fut
l’un de leurs bastions historiques.
Dans une ville comme Clermont Ferrand, dont la tradition de gauche
n’est plus à établir, le RN obtient environ 20 % des voix quand les quatre
principales listes de gauche réunissent 46,1 % des suffrages.
C’est donc évident que les résultats observés ce dimanche ne se
retrouveront guère dans la tentative de sauvetage d’urgence que le
Président de la République a mis en œuvre pour le projet macroniste en
décidant de dissoudre (comme l’exigeait d’ailleurs le chef de file du RN!)
une Assemblée Nationale qui avait quelques difficultés à fonctionner.
Le résultat du 30 juin participera de la prolongation des dynamiques
à l’oeuvre, positives ou négatives, et notamment de la capacité des partis à
se retrouver sur une ligne partagée et à mobiliser le premier parti de
France, celui des abstentionnistes, riche de 23 992 530 membres ce dimanche.