Depuis l’annonce des résultats du second tour des élections législatives, ce dimanche 7 juillet, les media, observateurs et autres sondeurs font assaut de démonstrations les plus diverses pour, dans un premier temps, laisser entendre que jamais, au grand jamais, ils n’avaient envisagé une majorité même relative pour le Rassemblement National et que nous serions en présence de trois blocs d’importance équivalente, l’un doté de 180 élus ( la gauche), le deuxième de près de 170 (la nébuleuse macroniste) et le troisième d’un peu plus de 140 (le Rassemblement National et ses alliés).
Il ne faut pas longtemps à un enfant de dix ans pour se rendre compte que la somme de ces trois nombres ne fait pas 577.
Mézalor ?
Regardons d’abord ce qu’il en est pour la gauche.
Si le site du Ministère de l’Intérieur reconnaît 178 élus labellisés « Union de la gauche », il compte aussi un certain nombre de « divers gauche ».
Le premier d’entre eux est Hendrik Davi, ex – LFI, réélu à Marseille, après avoir été écarté par la Commission d’investiture du mouvement mélenchoniste.
Puis on trouve Olivier Falorni, réélu à la Rochelle, qui, pour l’heure, a surtout reçu le soutien du MODEM…
Le troisième élu est David Taupiac, élu PS du Gers (2e) avec l’absence de candidat NFP, lors même il était adhérent du groupe LIOT.
Le quatrième élu est David Habib, reconduit dans la 3e des Pyrénées Atlantiques, qui se situe dans la mouvance de Bernard Cazeneuve.
Puis nous avons Danielle Simonnet, réélue à Paris (15e), contre l’avis de la direction de LFI et face à la syndicaliste Cécile Verzeletti, qui avait déjà échoué à devenir Secrétaire générale de la CGT face à Sophie Binet.
Dans le même ordre d’idées, nous trouvons ensuite Alexis Corbière, réélu en Seine Saint Denis (7e), avec le soutien de Patrice Bessac, maire communiste de Montreuil et contre l’avis de la LFI.
Vient ensuite le groupe des trois députés guadeloupéens (Olivier Serva, Christian Baptiste et Max Mathiasin), tous reconduits mais dont le premier et le troisième participent au groupe LIOT et le deuxième apparenté PS et membre du Parti progressiste démocratique guadeloupéen (PPDG) fondé par l’ancien sénateur maire de Pointe à Pitre Henri Bangou.
Et trois « divers gauche » sont donc trouvés par le Ministère çà la Réunion, à savoir Emeline K’Bidi, Frédéric Maillot et Jean Hughes Ratenon.
Des DVG dont les deux premiers étaient membres sortants du groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine et le troisième du groupe de la France Insoumise.
Sur le total de ces « divers gauche », 8, pour le moins, devraient parvenir dans un groupe de gauche et d’autres auront sans doute à voir ce qu’est devenu le groupe LIOT après le second tour.
Le groupe LIOT, transpartisan, a en effet perdu lors de ce scrutin Nathalie Bassire (Réunion), Guy Bricout (Nord), Jean Louis Bricout (Aisne), Benjamin Saint Huile (Nord), Pierre Morel – à l’Huissier (Lozère), Bertrand Pancher (Meuse), le Président du Groupe et Jean Félix Acquaviva (Corse).
Et comme les quatre dissidents PS semblent en voie de réintégration, le devenir du groupe semble assez incertain sauf si Valérie Létard, ancienne Sénatrice devenue députée de la 21e circonscription du Nord, décide d’épauler Charles Amédée du Buisson de Courson, l’inoxydable député de Vitry le François (Marne, 5e) pour maintenir son groupe en existence.
Revenons en à la gauche.
Nous avons vu qu’elle pouvait compter a priori sur 186 élus (178 NFP + 8 autres, classés DVG Place Beauvau).
Mais la fertile imagination de services de Gérald Darmanin a également déterminé une catégorie d’élus « régionalistes » comportant 9 noms dont les deux élus corses pour l’heure membres du groupe LIOT, à savoir Paul André Colombani et Michel Castellani, Paul Molac, le député du pays de Ploermel (Morbihan, 4e) en métropole.
Et six élus ultramarins (trois en Martinique, deux en Guyane et un en Nouvelle Calédonie) qui vont se rattacher aux groupes de gauche, s’ils n’en étaient déjà membres.
Ajoutons y deux élus PS ultramarins, aussi.
Ce qui porterait le total des élus de gauche à 194, soit une dizaine de plus que le nombre de 182 en général annoncé depuis dimanche dernier.
Et même 195 avec le siège de Delphine Batho, dans les Deux Sèvres, celle ci étant classée Ecologiste.
Enfin, sans reprendre l’agenda du NFP, Julien Gokel, élu dans le Nord (13e), peut être considéré comme le 196e élu de gauche.
Dans le bloc de l’ancienne majorité présidentielle, le Ministère de l’Intérieur n’a pas distingué les élus du MODEM et n’a accordé d’attention qu’aux députés élus sous l’étiquette Horizons (6), divers centre (6) et UDI (3).
Le gros des troupes macronistes est donc composé des 150 élus sous l’étiquette « Ensemble ! »sans distinction opérée entre Modem, Horizons et Renaissance.
Je décompte 33 Modem réélus, sur le groupe de 50 sortants de 2022 et 26 Horizons, pour 31 sortants.
Le groupe Renaissance a perdu 68 sortants et n’a regagné qu’un seul siège : celui de la 8e circonscription des Français de l’Etranger où l’avocate parisienne Caroline Yadan ; ex suppléante de Stanislas Guérini (Paris, 3e), a battu Meyer Habib, le sortant Républicain, connu pour sa proximité avec le Likoud de Benjamin Netanyahu.
A droite, on compte d’ores et déjà 39 élus Les Républicains, complétés par 27 divers droite.
Tandis que le RN dispose de 17 alliés, venus avec Ciotti, complétant ses 126 élus en propre.
Si vous opérez l’addition générale, il vous manque encore quelques sièges (ceux des DVG et des Régionalistes dont on ne sait pas encore s’ils iront au groupe LIOT ou ailleurs).
La composition des groupes nous en dira plus dans les jours à venir.