Le premier tour des législatives 2024 restera évidemment marqué par la performance du Rassemblement National, la PME familiale des Le Pen, dont la location gérance est pour l’heure assurée par le neveu par alliance de Marine (Marion) Le Pen obtenant un pourcentage inégalé en pareilles circonstances.
Mais la controverse est déjà venue sur les chiffres, avant même que de porter sur les motivations des électeurs et électrices qui ont pu choisir cette option politique, car les ordinateurs du Ministère de l’Intérieur ont procédé, comme il est de coutume, à une dispersion des votes sous des étiquettes parfois assez étranges.
Dans le même temps, les media d’information se sont attachés, dès dimanche soir 20 heures, à présenter le spectacle d’une large victoire du RN, allant de pair avec la mise en avant de projections en sièges plus ou moins affolantes, sans se poser trop de questions sur le fait qu’un parti ayant obtenu un tiers des voix pouvait se voir pourvu de la majorité absolue des sièges.
Des projections en sièges dont on dira assez vite qu’elles ont un sérieux « coup dans l’aile », ce lundi et ce mardi ayant été marqués par le retrait d’un grand nombre de candidats de triangulaires putatives devenues finalement des duels ordinaires opposant prioritairement un candidat du RN à un candidat de Gauche, puis ensuite à un candidat gouvernemental ou Républicain.
Au terme des désistements, il y aurait ainsi 159 duels entre Gauche et RN, tandis que les Républicains ont moins de 50 candidats sur l’ensemble du pays.
On ne compte ainsi que moins de 30 duels entre candidats de gauche et candidats macronistes, 6 duels entre candidats de gauche et une poignée de duels gauche / droite.
Sur 501 élections à venir, il y a 404 duels, 95 triangulaires et 1 quadrangulaire.
Enfin, dans un cas, il ne reste qu’un candidat en lice.
Regardons désormais ce qu’il en est pour le premier tour en termes de voix.
Si les télévisions continuent de parler d’un RN à 33,2 %, c’est parce que ce score réunit en fait le score des candidats RN ( 29,25 % avec 9 377 297 voix) et les candidats de « droite » passés, avec Ciotti, armes et bagages aux côtés du RN (1 251 210 voix et 3,9%).
La droite est également pourvue de suffrages Républicains (2 104 918 voix, 6,57%), divers droite (1 172 548 voix, 3,66%) tandis que les différentes petites listes d’extrême droite (Reconquête d’Eric Zemmour ou DLF de Nicolas Dupont Aignan) ont réuni 389 775 voix (1,22%).
Ce qui donne un RN + alliés à 33,15 %, une extrême droite à 34,37 % et une droite à 10,23 %.
Pour le pôle central, autour de Renaissance, on trouve la coalition Ensemble (6 425 217 voix, 20,04%) et un ensemble de votes centristes (UDI, Horizons, etc.) pourvu de 786 147 votes (2,45%).
Ensuite nous avons la gauche.
Les candidats Nouveau Front Populaire ont réuni 8 974 566 voix (27,99%) et le pourcentage en question a été présenté comme le résultat de la gauche.
A la nuance près que les compteurs de la place Beauvau ont placé 886 584 électeurs sous des étiquettes DVG, régionalistes et autres, soit 2,77 % des suffrages.
On aura noté l’habile manœuvre cousue de fil blanc, consistant à maintenir, contre la réalité, la gauche sous les 30 %, qu’elle a pourtant atteints.
Une télévision comme BFM présente toujours le résultat du premier tour avec un RN à 33,2 % et un Nouveau Front Populaire à 28 %…
S’il fallait regarder les évolutions sur la durée et parfois l’immédiat, on aurait évidemment une forte progression du RN au regard de 2022 , une consolidation de la gauche, et une baisse de la droite dite classique et du courant macroniste.
Cette année, donc
Extrême droite 34,4 % (33,2 RN)
Droite 10,2 %
Macronistes et centre 22,5 %
Gauche 30,8 %
En 2022
Extrême droite 24 %
Droite 12,8 %
Macronistes et centre 27,9 %
Gauche 30,6 %
La comparaisont vaut également pour le scrutin le plus récent, celui des européennes du 9 juin où les différentes listes d’extrême droite avaient réuni 38,8 % des votes, la gauche 31,9 %, le pôle centriste 15,9 % et la droite 9,6 %.
On aura aussi noté que la plupart des media ont été discrets sur le fait que 75 sièges ont été pourvus au premier tour.
Dans cet ensemble, 37 élus pour le RN (dont 6 dans le Nord, 6 dans le Pas de Calais, 4 dans l’Aisne, 4 dans le Var, entre autres résultats) ; 32 pour la gauche (dont 24 pour la Région Ile de France ) et donc 6 députés d’autres couleurs avec 2 Macronistes, 2 divers droite, 1 élu de droite allié au RN et 1 Républicain.
Il faut maintenant attendre la publication des candidatures de second tour, largement marquées par les désistements, pour se faire une idée de la situation.