ESPAGNE

Vox s’est affilié au groupe des Conservateurs et Réformistes Européens, dont faisaient partie les conservateurs britanniques, où l’on retrouve les Fratelli d’Italia et le parti polonais Droit et Justice (PiS).

Le moins que l’on puisse dire, à l’examen des résultats des différents scrutins, est que la journée électorale a marqué une progression des forces de droite emportant notamment des majorités locales, fondées sur l’alliance entre le PP et Vox au cas général, ou des majorités unicolores du PP, dans la plupart des grandes villes du pays.

Elle s’est aussi manifestée de manière spectaculaire lors des élections régionales, avec des renversements de majorité dans des régions comme l’Aragon, la Cantabrie, la Rioja, l’Extremadure, les Canaries ou les Baléares.

Aujourd’hui, le PP dispose des mairies de Madrid, Valence, Saragosse, Séville, Malaga ou Murcie, parmi les villes les plus importantes du pays.

La majorité des chefs lieux de province et cinq des neuf plus importantes villes de la banlieue de Madrid (dont Mostoles et Alcala de Henares) ont opté pour un maire PP.

Dans le cas de Mostoles comme de Alcala de Henares, communes de plus ou moins 200 000 habitants, c’est la disparition du vote pour Ciudadanos, le parti centriste allié de Renaissance au Parlement européen, qui fait la fortune du PP et lui offre l’opportunité de reconquérir ces deux positions.

La carte politique espagnole n’est pas restée indemne de ce scrutin.

Ainsi, le PP a raflé les huit capitales de province de l’Andalousie, région de forte tradition de gauche (le PSOE y a longtemps régné sans partage) alors qu’il a échoué à gagner la moindre capitale provinciale en Galice ou la ville historique de Santiago de Compostela.

Il lui a fallu se contenter d’une victoire au Ferrol, ville ouvrière dont la particularité est d’être la ville de naissance du général Franco.

Peu de succès pour la droite « castillane » bien évidemment que ce soit dans le Pays Basque ou en Catalogne.

Dans le premier cas, le Parti national basque (Eusko Alderdi Jeltzalea) est en lutte avec le parti de gauche radicale Euskal Herria Bildu, loin devant le PSOE local et plus encore devant le Parti populaire, assimilé depuis le retour de la démocratie en Espagne aux héritiers des auteurs du bombardement de Guernica.

Aux municipales, Bilbao a voté en faveur du parti national, tandis que Donostia (San Sebastian) a vu EH Bildu se rapprocher à quelques centaines de voix du PNV, tandis que le soutien du PP, du PNV et du PSOE a été nécessaire pour éviter que EH Bildu, dont la liste était arrivée en tête, ne fasse son affaire de la mairie de Vitoria – Gasteiz.

Pour ce qui est de la Catalogne, le grand événement a été le changement d’équipe municipale à Barcelone, où le socialiste Jaume Collboni a été élu en lieu et place de la sortante de gauche radicale Ada Colau, pour la liste Barcelona en Comu.

Sur l’ensemble de la ville comtale, la liste du PSOE – PSC a devancé la liste Barcelona en Comu de 141 suffrages (sur près de 550 000 votants), écart suffisant pour accorder un siège de plus (10) ) à la liste socialiste face à son « adversaire ».

Toujours est il que la liste arrivée en tête, celle du candidat de centre droit autonomiste Xavier Trias, n’a obtenu que 11 élus sur les 41 de l’assemblée municipale.

Au moment du vote au poste de Maire, Xavier Trias a recueilli les votes des 11 élus de sa liste et des 6 élus de la liste de l’Esquerra Republicana de Catalunya, quand Jaume Collboni pouvait compter sur une majorité constituée par les dix socialistes, les neuf BeC et … les quatre élus du PP, ceux ci refusant par principe l’élection d’un maire autonomiste ou indépendantiste.

Pour le reste de la Catalogne, large succès du PSOE dans les villes et singulièrement les banlieues ouvrières de Barcelone, Lleida ou Tarragona.

Dans le cas de Girona (Gérone), le scrutin a fait perdre la ville aux autonomistes de centre droit (la ville eut comme maire le chef de file des indépendantistes de cette obédience, Carles Puigdemont) et c’est un élu d’extrême gauche républicaine, issu de la Candidatura d’Unitat Popular (CUP), qui a été désigné alcalde du chef lieu de province.

Pour le reste, la plupart des municipalités rurales sont restées attachées aux équipes indépendantistes de centre droit (Junts per Catalunya) et de centre gauche (ERC) présentes dans le champ politique local.

Devant la situation créée par ces scrutins locaux, Pedro Sanchez Castejon a décidé la dissolution des Cortes et l’organisation d’un scrutin anticipé le 23 juillet prochain.

Le tout est maintenant de savoir si la décision du premier ministre socialiste va créer un électrochoc et un regain de mobilisation à gauche, alors même que le mouvement Podemos est en phase de mutation et qu’émerge, à gauche du PSOE, un nouveau parti, Sumar, animé par la ministre du Travail, Yolanda Diaz.

Les premiers sondages laissaient penser à un succès probable de la droite, majoritaire entre les élus du PP et ceux de Vox.

Une seconde vague de sondages, dans la seconde partie du mois de juin, a réduit la poussée de la droite à une majorité plus relative, tandis que s’affirmait l’opposition des partis régionalistes (basques, catalans, galiciens, entre autres) à tout compromis avec le PP et, surtout, Vox.

Désormais, la possibilité d’une majorité absolue de gauche n’est plus exclue, notamment du fait d’une poussée de Sumar et d’une perte d’influence de Vox au profit du PP.

En clair, de nouveaux électeurs semblent se « réveiller »à gauche tandis que la droite se « réaligne ».